Un protectionnisme ciblé pour améliorer sa position commerciale

Modifié par Edrn

Les mesures protectionnistes sont souvent prises pour protéger les industries nationales face à la concurrence internationale (d’où le terme de protectionnisme). De telles mesures incluent les droits de douane qui augmentent le prix intérieur des importations et des restrictions sur la quantité de biens importés (quotas).

Les États peuvent développer des stratégies, d’une part pour développer des spécialisations avantageuses pour leur pays en adoptant des mesures temporaires de protection de certaines branches, et d’autre part pour se défendre contre certains effets du commerce international en adoptant des mesures de protection appelées à perdurer.

Protéger les industries naissantes par des tarifs douaniers peut donner aux entreprises de ces branches le temps et l’échelle de production nécessaires pour devenir compétitives. L’économiste allemand Friedrich List (1789–1846) élabore la théorie du « protectionnisme éducateur ».

Le protectionnisme précoce de l’Allemagne et des États-Unis en est un exemple : ces pays ont développé des secteurs manufacturiers modernes par le biais notamment de tarifs douaniers élevés qui les ont protégés de la concurrence britannique. À la fin du XIXe siècle, on notait une corrélation positive entre les tarifs douaniers et la croissance économique des pays relativement riches. Les droits de douane plus élevés dans le secteur manufacturier étaient donc associés à une croissance plus forte, ce qui tend à montrer que le protectionnisme de ces pays était favorable à leur croissance.

Ce protectionnisme éducateur ne remet pas en cause fondamentalement le libre-échange, car il vise à développer la compétitivité d’une branche avant de la soumettre à la concurrence internationale. Il suppose que le marché intérieur soit assez grand pour que des économies d’échelle soient possibles.

Lorsque la spécialisation est fondée sur les économies d’échelle, le gouvernement peut intervenir en adoptant une politique commerciale stratégique.

En effet, dans ces cas-là, il suffit qu’une entreprise ait une petite avance sur les autres pour qu’elle commence à réaliser des économies d’échelle et qu’elle développe sa compétitivité-prix. L’innovation est un facteur essentiel pour que les entreprises d’un pays puissent être les premières sur le marché et donc les moins chères parce qu’elles vendent davantage que les autres et réalisent des économies d’échelle.

L’État peut choisir d’intervenir par des mesures protectionnistes non tarifaires de façon à assurer l’avance de ses entreprises. Les États-Unis et l’Union européenne s’accusent ainsi mutuellement de favoriser respectivement Boeing et Airbus. Les mesures protectionnistes que les gouvernements adoptent prennent plusieurs formes : il peut s’agir de subventions publiques accordées à leurs entreprises exportatrices pour les aider à se lancer en premier sur l’un des segments du marché des avions commerciaux, mais aussi de préférence nationale lors de commandes publiques même si les prix sont prohibitifs.

Ce protectionnisme stratégique est temporaire, comme le protectionnisme éducateur, et ne remet pas en cause fondamentalement le libre-échange.

Source : https://lesmanuelslibres.region-academique-idf.fr
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